La mort est mon métier, livre publié 1952, raconte à la
première personne (et donc du point de vue du narrateur), la vie de Rudolf
Hoess, rebaptisé ici Rudolf Lang, commandant du camp de concentration d’Auschwitz
entre 1940 et 1943, et à ce titre, l’un des inventeurs des procédés industriels
et psychologiques destinés à mettre concrètement en œuvre la "Solution
finale du problème juif".
Récit retravaillé à partir de l'audition du procès, de
l’analyse psychologique de Hoess et des notes du récit écrit par celui-ci dans
sa prison, il nous livre le portrait d’un homme de devoir, seulement à l’aise
dans la soumission et ressentant un malaise dès qu’il sort de ce cadre rigide.
Robert Merle, en préface, a très bien résumé la problé- matique de son ouvrage ;
elle mérite d’être citée, car, bien au-dela de l’histoire, elle s’applique
encore aujourd’hui dans nos sociétés modernes.
"Il y a eu sous le Nazisme des centaines, des milliers, de Rudolf Lang,
moraux à l’intérieur de l’immoralité, consciencieux sans conscience, petits
cadres que leur sérieux et leurs "mérites" portaient aux plus hauts
emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de
l’impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l’ordre, par
respect pour l’État. Bref, en homme de devoir : et c’est en cela justement
qu’il est monstrueux".
Né en 1908 en Algérie où son père est officier, Robert Merle
vit en France à partir de 1918. Titulaire d'une licence de philosophie et d'un
doctorat en lettres, agrégé d'anglais, auteur d'une thèse sur Oscar Wilde, il
enseigne en lycée, à Bordeaux puis à Neuilly, dans les années trente. Mobilisé
en 1939, il est fait prisonnier trois années pendant la guerre. A la libération, il devient
professeur à l'université ; il enseignera successivement à Rennes, Toulouse,
Caen, Alger puis à Paris.
Robert Merle écrit son premier roman, "Week-end à
Zuydcoote" en se remémorant la catastrophique retraite de Dunkerque. Pour
ce livre, il remporte le prix Goncourt en 1949.
Écrivain aux talents multiples, il a également publié des pièces de théâtre,
des essais critiques et des traductions de classiques anglais.
Considéré comme un maître du roman historique, Robert Merle
est célèbre pour "Fortune de France", saga commencée en 1977, dont le
treizième volume, "Le Glaive et les amours", est couronné par le prix
Jean Giono en 2003.
Il s'éteint à son domicile, dans la région parisienne, en 2004,
à l'âge de 95 ans.
Durée : 10 h 05 min.
Texte intégral lu par Éric HERSON-MACAREL.
Enregistrement découpé en 54 plages, durant de 5 à 17 minutes, une dizaine de minutes pour la plupart.