Cet ouvrage a obtenu le prix Goncourt en 1978, année de sa publication.
Un amnésique devenu par hasard détective privé entreprend
l'enquête la plus importante pour lui : découvrir qui il est... Le roman
relate cette recherche et se décompose en deux parties : l'enquête
proprement dite, puis le grand puzzle de la mémoire retrouvée par fragments.
Patrick Modiano interroge la mémoire. Les thèmes de la
seconde guerre mondiale et de l'holocauste sont bien sûr au coeur de ce roman
attachant. On ressent la fragilité du héros, au fil de son enquête, on partage
ses doutes, on suit avec lui de fausses pistes... jusqu'à la découverte de son
identité. Cette identité qui sort lentement des brumes de sa mémoire
défaillante.
L'auteur utilise de nombreux styles et genres dans ce
roman : correspondance postale, extraits de police et comptes-rendus
d'enquête policière s'ajoutent à la narration classique et dynamisent ainsi le
récit.
L'enquête du héros nous ramène aux heures sombres de
l'Occupation, lorsque les juifs tentaient par tous les moyens de quitter un
pays dans lequel ils étaient menacés... Vie clandestine et usurpation
d'identité étaient le lot commun de tous ces déracinés, apatrides par
nécessité. Ce qui fait la force du roman c'est la qualité des personnages mis
en scène par Modiano : ses personnages sont crédibles car humains... Même
pendant la guerre, lorsque on se sentait menacé à toute heure, on pouvait
tomber amoureux, on pouvait faire l'amour, on pouvait refuser la grisaille
quotidienne en faisant la fête...
Écrivain français né le 30 juillet 1945 à Boulogne Billancourt.
Il faut connaître quelques éléments biographiques de Patrick Modiano
pour comprendre l'oeuvre de l'auteur. Né d'une mère actrice sans cesse
en tournée et peu protectrice et d'un père fuyant qu'il finira par ne
plus vouloir rencontrer dès l'âge de 17 ans, le romancier a fait de
l'absence un des thèmes centraux de ses ouvrages. Absence du frère
aussi, Rudy Modiano, qui meurt à l'âge de 10 ans et auquel l'auteur
dédiera tous ses romans entre 1967 et 1982. L'absence nourit également
une "méthode" typique de Modiano qui est la recherche minutieuse de la
vérité, dans plusieurs de ses romans l'investigation prend la forme
d'une enquête documentaire, d'une obsession historiographique.
Le père de Modiano ayant un passé mal connu : de confession juive il
vécut l'occupation dans la clandestinité et fut sauvé d'un convoi pour
Auschwitz par l'intervention d'un ami à lui, on dit que ce dernier
aurait appartenu à la Gestapo. Après la guerre, le mystère Albert
Modiano ne s'éclaircit pas et Patrick ne le voit que rarement dans des
endroits fréquentés. La question de l'hérédité, de la trahison se
retrouvent également dans les romans de Patrick qui commence à publier
dès 1967. C'est Raymond Queneau, son professeur de géométrie qui lui
permet très jeune de fréquenter les milieux littéraires et et favorise
sa carrière d'écrivain. Modiano se consacre vite
exclusivement à l'écriture. Ses premiers romans sont salués par la
critique et il devient rapidement un des auteurs contemporains majeurs,
obtenant la consécration en 1978, avec l'obtention du Prix Goncourt
pour "Rue des Boutiques obscures".
Le grand public connaît aussi "Lacombe Lucien" adapté au cinéma par Louis Malle. On
reproche parfois à l'auteur de creuser inlassablement le même sillon,
il y est souvent question de la perte d'identité, nombre de ses romans
se déroulent pendant l'Occupation, et il garde une nostalgie de
l'enfance qui sourde de tous ses livres. Ses fans estiment au contraire
que le travail inlassable sur ses obsessions font précisément l'oeuvre
de l'écrivain.
Durée : 5 h 20 min.
Roman lu par Jean-Louis Trintignant.
Attention : la première piste du CD 1 est consacrée à un court
interview de l'auteur (environ 5 min). Le roman lui-même commence à la
piste 2.
Pour les mélomanes, sachez que l'accompagnement au piano qui ouvre chaque chapitre est tiré de l'oeuvre de Robert Schumann.
Le livre audio se présente sous la forme de 4 CD, contenant de 3 à 5
fichiers. Ces fichiers sont de longueur très variable, de 5 min à une
demi-heure à peu-près.